Robert Jaquillard, né le à Lausanne et mort le dans la même ville, est un criminologue, officier de l'armée suisse, responsable du contre-espionnage au sein des services de renseignements suisses et chef de la police de sûreté du canton de vaud[1],[2].
Biographie
Origines et formation
Robert Jaquillard naît le à Lausanne[3].
Après des études primaires à Lausanne et secondaires à Lausanne[3] ou Liestal[4], il effectue un stage d'études à la Préfecture de police et à la Sûreté nationale à Paris[4].
Parcours professionnel
Police cantonale
En 1923, Robert Jaquillard dirige l'enquête sur l'assassinat du diplomate soviétique Vatslav Vorovsky[5],[6]. Mis en cause par les partis politiques de gauche, qui critiqueront son enquête, ses supérieurs le féliciteront[7].
En 1926, il fait une proposition d'interdiction par le pouvoir politique, représenté par le chef de la justice et de la police, de la diffusion du film soviétique Le Cuirassé Potemkine au Cinéma Moderne[8].
En 1928, il boucle en quelques jours l'assassinat de Fame Clément survenue à Donneloye, ce qui lui vaudra une importante renommée par la suite[9].
Vers 1931, il procède à l'arrestation de l'activiste antifasciste Arturo Rizzoli, dénoncé par Martino Rigaldo, au titre d'agent provocateur étranger[10].
En avril 1935, le Conseil Fédéral le charge de présenter un rapport avec une proposition pour la création d'une police fédérale regroupant les différentes polices cantonales en vue d'une meilleure collaboration entre ces dernières[11].
En 1936, il dirige le service d'ordre pendant la Conférence internationale des Détroits[12].
Le 15 décembre 1937, dans le cadre d'une coopération policière internationale concernant le meurtre Renata Steiner, une communiste suisse, commandité par le NKVD, il informe par courrier Scotland Yard qu'un dénommé Etienne Charles Martignat aurait prit part au crime[13],[14],[15].
A la fin des années 30, il plaide pour l'interdiction du Parti communiste suisse et fait mener des enquêtes aussi bien dans le canton de Vaud qu'en dehors de la Suisse contre des agents soviétiques[5].
Seconde Guerre mondiale
Le 5 octobre 1939, le général Guisan crée officiellement le service de contre-espionnage (abrégé Spab et appeler familièrement Groupe du Lac[16]) qui est confié au colonel Robert Jaquillard, dont le service dépend en théorie des services de renseignements du colonel-brigadier Roger Masson, dont les relation entre les deux seront par moment difficile[17].
En 1940, il loue l'usage de la Télégraphie sans fil par les forces de polices, qui permet de sauvegarder la sécurité publique[18].
En 1941, sous l'égide de Robert Jaquillard se met en place dans le Canton de Vaud une politique de censure cinématographique[19],[20].
Mort
Atteint de leucémie[21], Robert Jaquillard meurt le [22] à Lausanne, à l'âge de 65 ans[3].
Publication
- Le Crime et la Presse (préf. Pierre Rochat), Lausanne, Librairie Centrale et Universitaire, , 88 p.[23]
- La chasse aux espions en Suisse Choses vécues - 1939-1945, (préf. Henri Guisan) Lausanne, Payot, 1947, 174 p.
Notes et références
- ↑ (en-US) « COL. ROBERT JAQUILLARD », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Revue de criminologie et de police technique, Centre international d'études criminologiques, (lire en ligne)
- « Robert Jacquillard » (nécrologie), Journal d'Yverdon, , p. 5 (lire en ligne)
- Sébastien Guex et Peter Huber, La Suisse et l'Espagne de la république à Franco (1936-1946): relations officielles, solidarités de gauche, rapports économiques, Editions Antipodes, (ISBN 978-2-940146-21-5, lire en ligne), p. 163
- Procès et terreur sous Staline, L'AGE D'HOMME, (ISBN 978-2-8251-0188-9, lire en ligne)
- ↑ (en) Alfred Erich Senn, Assassination in Switzerland: The Murder of Vatslav Vorovsky, University of Wisconsin Press, (ISBN 978-0-299-08550-6, lire en ligne)
- ↑ Voir Annetta Gattiker, L'affaire Conradi, Berne/Francfort, H. Lang, 1975.
- ↑ (it) Leonardo Quaresima, Alessandra Raengo et Laura Vichi, Bounds of representation; censorship, the visible, modes of representation in film, Forum, (ISBN 978-88-86756-95-2, lire en ligne)
- ↑ Pierre Cordey et Bertil Galland, Les Institutions: ou, Le pouvoir chez les Vaudois, 24 Heures, (ISBN 978-2-8265-0001-8, lire en ligne)
- ↑ Claude Cantini, Pour une histoire sociale et antifasciste: contributions d'un autodidacte, Editions d'en bas, (ISBN 978-2-8290-0243-4, lire en ligne)
- ↑ Christian Rossé, Guerre secrète en Suisse: 1939-1945, Nouveau Monde Editions, (ISBN 978-2-36942-280-8, lire en ligne)
- ↑ Gianni Haver, « La censure cantonale vaudoise et la création de la commission de contrôle des films 1917- 1935 », Revue historique vaudoise, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Abbiate père et fils (2/2) », sur Sept.info (consulté le )
- ↑ Steven Usdin, « The Face of Soviet Espionage in the United States during the Stalin Era: Vladimir Pravdin, “Man of Truth” », Journal of Cold War Studies, vol. 26, no 2, , p. 78–122 (ISSN 1520-3972, DOI 10.1162/jcws_a_01211, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Daniel Kunzi et Peter Huber, « Paris dans les années 30 : Sur Serge Efron et quelques agents du NKVD », Cahiers du Monde Russe, vol. 32, no 2, , p. 285–310 (DOI 10.3406/cmr.1991.2282, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Luc van Dongen, Un purgatoire très discret: la transition helvétique d'anciens nazis, fascistes et collaborateurs après 1945, Perrin, (ISBN 978-2-262-02650-9, lire en ligne)
- ↑ Éric Denécé et ASSO CF2R, Renseignement et espionnage pendant la Seconde Guerre Mondiale, Editions Ellipses, (ISBN 978-2-340-09058-3, lire en ligne)
- ↑ Claude Schubiger, Le rôle social de la radiodiffusion, Imprimerie populaire, (lire en ligne)
- ↑ Cahier d'Histoire du Mouvement et Collectif, Cahiers d'histoire du mouvement ouvrier, n°20/2004, Editions d'en bas (ISBN 978-2-8290-0314-1, lire en ligne)
- ↑ Gianni Haver, Les lueurs de la guerre: écrans vaudois 1939-1945, Payot Lausanne, (ISBN 978-2-601-03308-3, lire en ligne)
- ↑ « Le colonel Robert Jaquillard vient de mourir au terme d'une longue période de maladie », Gazette de Lausanne, , p. 4 (lire en ligne)
- ↑ « Monsieur Robert Jaquillard » (avis mortuaire), La Tribune de Lausanne, , p. 6 (lire en ligne)
- ↑ Jean Peitrequin, « Le crime et la presse », La Revue du dimanche (supplément de la Revue de Lausanne), vol. 69, no 293, , p. 1 (lire en ligne)