vert pré : limites de la province romaine
rose : région ayant changé d'autorité
vert : limites du royaume
Statut | Monarchie |
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Capitale | Braga |
Langue(s) | Galaïco-portugais |
Religion |
Paganisme germanique (409 - années 460) Arianisme (années 460 - c. 550) Chalcédonisme (à partir de c. 550) |
Population (en 409) | env. 100 000 habitants |
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• 421 | env. 300 000 habitants |
• 426 | env. 1 000 000 habitants |
• 456 | env. 600 000 habitants |
• 585 | env. 300 000 habitants[réf. nécessaire] |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Dans le cadre des grandes invasions, les Suèves se sédentarisent dans la région correspondant à l'actuelle Galice et au nord du Portugal, au début du Ve siècle. Ce royaume suève fait de Bracara Augusta (Braga) sa capitale et existe de 410 à 585, année de son effondrement devant l'armée du roi wisigoth Léovigild.
C'est en 409 que la Gallaecia romaine, ou « Gallécie », tombe au pouvoir des Quades et des Marcomans coalisés sous la direction du roi suève Herméric. Le fœdus concédé par Rome légitime la fondation de leur royaume à cet endroit. Il s'agit du premier royaume du haut Moyen Âge qui frappe monnaie pour signifier son existence.
Description
[modifier | modifier le code]Le nombre des envahisseurs suèves initiaux est évalué à seulement 30 000 personnes, qui s'établissent principalement dans les zones périphériques de Braga (Bracara Augusta), Porto, Lugo (Lucus Augusta), Astorga (Asturica Augusta), Vigo, Tuy et Ourense. Les Suèves firent de Bracara Augusta, l'ancienne capitale de la province romaine de Gallaecia, la capitale de la Gallaecia suève ; celle-ci était plus vaste que la Galice actuelle, et s'étendait au sud du Douro et vers l'est jusqu'à Ávila.
Le royaume se maintient entre 410 et 584 et semble avoir joui d'un gouvernement stable pendant toute cette période[1]. Des historiens comme José António Lopes Silva, traducteur des chroniques d'Idace, la principale source écrite du Ve siècle, estiment que le principal caractère de la culture galicienne est né de ce mélange entre la civilisation ibéro-romaine et celle des Suèves.
Il y eut quelques affrontements ponctuels avec les Wisigoths, qui arrivèrent en 416 dans la péninsule Ibérique et la dominèrent presque entièrement. Cherchant à agrandir leur domination vers le sud et l'est, les Suèves sont battus par les Wisigoths en 418 et forcés de se cantonner en Galice.
Après le passage des Vandales et des Alains en Afrique romaine en 429, les Suèves tentent de nouveau la conquête de la péninsule Ibérique. Ils s'emparent de Mérida en 439 puis de Séville en 441 mais doivent s'opposer aux Wisigoths[2], qui cherchent eux aussi à assurer leur domination sur tout le pays. Celle-ci devient effective sous le règne d'Euric autour de l'an 476. Une alliance entre les deux peuples est conclue, le roi suève Rechiaire et son peuple se convertissent à l'arianisme des Goths, et les Suèves accompagnent les Wisigoths du roi Théodoric pour combattre les Huns d'Attila aux champs Catalauniques (451).
En 456, à la demande de l'empereur Eparchus Avitus, le roi wisigoth Théodoric II attaque les Suèves et les écrase près d'Astorga, sur la rivière Órbigo, le . Prenant la capitale suève, Braga, il fait prisonnier Rechiaire et l'exécute.
À partir de ce moment, le royaume suève perdure, mais est divisé en deux parties séparées par le fleuve Minho :
- au sud du fleuve, une région sous influence wisigothe est dirigée par Agiulf, vassal de Théodoric II ;
- au nord du fleuve, une région suève indépendante est dirigée par Framta.
Ces deux parties adverses se livrent durant huit ans une guerre sans merci qui s'achève par leur réunification en 464 sous le règne de Rémismond.
Les Suèves, ariens faiblement christianisés, finissent au VIe siècle par entrer dans une longue période de tensions et de conflits avec les Wisigoths et se convertissent au christianisme nicéen vers 550. Leur roi Cararic, ayant adopté la foi nicéenne, tente même un rapprochement avec les Francs, nicéens, contre les Goths, ariens, mais cela ne donne aucun résultat notable et le roi wisigoth Léovigild, rêvant l'unification de l'Hispanie sous domination ariano-wisigothique commence bientôt la conquête du royaume suève en état de décomposition (à partir de 575) ; une importante minorité de Suèves, opposés aux nicéens notamment, refusent de servir le roi nicéen Miro. Au bout de dix années de lutte acharnées, le roi wisigoth Léovigild envahit leur royaume en 584, défait le dernier roi suève Andeca, et annexe la Galice dans son royaume wisigoth.
Après quelques révoltes sporadiques en 586 et 587, les Suèves disparaissent de l'Histoire en tant que peuple et, de nouveau convertis au christianisme nicéen à partir de 589 (conversion officielle des Wisigoths), ils fusionnent avec les populations autochtones.
Richard Fletcher (Fletcher 1984) souligne que, pendant l'Antiquité tardive, la Galice était demeurée un pays du monde romain et méditerranéen. Il donne en exemple le compte-rendu du pèlerinage en Terre sainte de la nonne, qu'il croit galicienne, Égéria en 381–384, ainsi que le voyage du jeune Idace qui, bien qu'habitant « à la dernière extrémité du monde », avait rencontré Jérôme en Orient ; sa chronique montre qu'il demeurait informé des affaires de la Méditerranée orientale, car il se réfère à des voyageurs orientaux venus en Galice. Devenu évêque, Idace voyagea en Gaule en ambassade auprès d'Aetius, 431–432.
Miro, roi des Suèves, avait des relations diplomatiques avec les rois barbares alliés de Neustrie et de Bourgogne, mais aussi avec les empereurs de Constantinople. Martin de Braga, évêque du VIe siècle, était natif de Pannonie. Le roi wisigoth Léovigild confisqua les navires des marchands gaulois de Galice.
À Lorenzana, le beau sarcophage qui reçut ultérieurement la dépouille du comte Osorio Gutiérrez avait été probablement importé du sud de la Gaule au Ve siècle, relève Fletcher. Et l'une des pièces du trésor de Bordeaux constitué vers 700 était frappée d'un motif galicien, suggérant de possibles relations commerciales.
Liste de rois
[modifier | modifier le code]- 409-438 : Herméric ou Ermaric;
- 438-441: Herméric et Rechila (co-règne);
- 441-448 : Rechila;
- 448-456 : Rechiaire ou Rechiar;
- 456-457 : Agiulf (partie sud);
- 456-457 : Framta ou Frontan (partie nord);
- 457-459 : Maldras;
- 459-459 : Rémismond (partie sud);
- 459-463 : Frumaire (partie sud);
- 459-463 : Réchimond (partie nord);
- 459-469 : Rémismond (réunification, roi de tous les Suèves);
- (période méconnue faute de sources)
- ? : Théodemond (incertain) ?
- 550-558 : Cararic
- 558-570 : Théodemir
- 570-582 : Ariamir. L'historien Grégoire de Tours le nomme Mir ;
- 582-583 : Eboric;
- 583-585 : Andeca.
- 585-585 : Malaric
Postérité
[modifier | modifier le code]Les Suèves n'ont laissé que très peu de traces dans la péninsule ibérique, malgré une présence de près de deux siècles en tant que peuple distinct. Remplacés sur ses terres par le royaume wisigoth puis par al-Andalus, les Suèves n’ont pu laisser en Galice que des vestiges archéologiques. Les découvertes de culture archéologique du peuple suève sont concentrées essentiellement dans la région de Braga.
Hormis ces traces subsiste une querelle d'ordre théologique : comment les Suèves se sont-ils convertis au christianisme nicéen alors que l'aristocratie dirigeante du Royaume wisigoth était encore arienne ? La primatie des Espagnes reste disputée entre l'archevêque de Braga et l'archevêque de Tolède.
Assez singulièrement, le territoire géographique du royaume de León, étape de la Reconquista espagnole, recouvre celui du royaume suève lors de la Reconquista (voir formation territoriale de l'Espagne).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Magali Coumert et Bruno Dumézil, Les royaumes barbares en Occident, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (ISBN 978-2-13-062734-0), p. 86
- Patrick Le Roux, La péninsule Ibérique aux époques romaines (fin du IIIe s. av. n.è. - début du VIIe s. de n.è.), Paris, Armand Colin, coll. « U », , chap. 8 (« La fin des provinces (409-507) »), p. 269-292
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Adeline Rucquoi, Histoire médiévale de la Péninsule ibérique, Paris, Seuil, 1993 (ISBN 9782020129350) ; rééd. Points, 2014.