Date |
– (9 ans, 7 mois et 21 jours) |
---|---|
Lieu | Tchétchénie, Daghestan |
Casus belli |
Nationalisme tchétchène Invasion du Daghestan Attentats de 1999 en Russie |
Issue |
Victoire russe
|
Fédération de Russie République de Tchétchénie (2009) |
République tchétchène d'Itchkérie (avant 2007) Émirat du Caucase (après 2007) Volontaires étrangers : |
140 000 hommes[5],[6] | 22 000 hommes |
4 700 militaires tués selon le gouvernement russe[7]
12 000 militaires tués selon l'Union des comités de mères de soldats de Russie[9] |
13 000 tués[7] |
Batailles
Offensive russe (1999-2000)
- Bombardement aérien russe
- Bombardement d'Elistanji
- Attaque au missile de Grozny
- Bombardement de Chami-Yourt
- Fusillade d'un convoi de réfugiés à Grozny
- Grozny
- Massacre de Staropromyslovsky
- Bombardement de Katyr-Yurt
- Massacre de Novie Aldi
- Sommet 776
- Komsomolskoïe
- Incident fratricide de l'OMON
- Embuscade de Djani-Vedeno (en)
Phase de guérilla (2000-2009)
- Embuscade de Galachki
- Attentats suicides de juin 2000
- Attentats suicides de juillet 2000
- Opération Alkhan-Kala
- Vedeno
- Accident du Mi-8 à Grozny
- Opération Tsotsin-Yourt
- Accident du Mi-8 à Chelkovskaïa
- Embuscade de l'OMON à Grozny
- Accident d'un Mi-26 à Khankala
- Attentat du 27 décembre 2002 à Grozny
- Attentat suicide à Znamenskoïe
- Raid de Nazran (en)
- Raid sur Avtoury
- Raid sur Grozny
- Raids au Daghestan
- Opération de Borozdinovskaïa
- Attentat de Makhatchkala
- Attaque de Naltchik
- Combat de Guimry
- Embuscade d'Avtoury
- Accident d'hélicoptère de Vladikavkaz
- Incident fratricide
- Accident d'un Mi-8 à Chatoï
La seconde guerre de Tchétchénie[a] (ou deuxième guerre de Tchétchénie) est un conflit armé opposant l'armée fédérale russe aux indépendantistes tchétchènes du au , jour de la prise de Grozny, la capitale de la république, par les troupes russes. Cependant, des opérations de contre-insurrection perdurent jusqu'au [16] et un conflit de basse intensité se fait sentir encore pendant des années[17],[b].
La guerre se solde par l'« extermination partielle »[20] du peuple tchétchène et par la réintégration de la Tchétchénie dans la fédération de Russie. Il s'agit à l'époque du conflit le plus violent qu'aient connu l'Europe[21] et l'ex-URSS[22] depuis la Seconde Guerre mondiale, certains commentateurs allant même jusqu'à parler de « génocide »[23],[24],[25],[26],[27].
Contexte
Le premier conflit qui embrase la petite république de Tchétchénie, située dans le Caucase du Nord russe, s'achève en août 1996. Aslan Maskhadov, chef d'état-major tchétchène, et Alexandre Lebed, secrétaire du Conseil de sécurité russe, signent les accords de Khassaviourt, qui, sans préciser explicitement le statut de la Tchétchénie, prévoient de clarifier d'ici cinq ans les « bases des relations mutuelles » entre les deux parties[28]. En janvier 1997, se déroule l'élection présidentielle en Tchétchénie dont Maskhadov sort vainqueur avec 59 % des voix. Le 12 mai 1997, il signe avec le président russe Boris Eltsine un traité de paix qui prévoit d'établir « de solides relations égales et mutuellement bénéfiques »[29] entre la fédération de Russie et la république tchétchène d'Itchkérie et met fin à « 400 ans »[30] de conflit russo-tchétchène en ouvrant une « ère de paix »[31] entre les deux entités.
Mais Maskhadov n'arrive pas à maîtriser ses chefs de guerre qui rêvent d'un Caucase islamique destiné à regrouper toutes les républiques voisines, à l'image de l'ancienne Ciscaucasie démantelée au XIXe siècle lors de la guerre du Caucase.
Les éléments les plus radicaux, dirigés par les chefs de guerre Chamil Bassaïev et Khattab font, le 7 août 1999, une incursion au Daghestan, une république du Caucase russe voisine de la Tchétchénie, sous prétexte de porter secours aux rebelles islamistes locaux pilonnés dans leurs fiefs par les forces fédérales russes[32],[33].
Du 31 août au 16 septembre 1999, surviennent cinq explosions en Russie, trois à Moscou et deux autres en province, entraînant la mort de plus de 300 personnes[34],[35]. Elles sont attribuées par les autorités russes aux indépendantistes tchétchènes, certains y voyant une manipulation du FSB[36]. Combinés à la volonté de Moscou de prendre sa revanche[37],[38],[39], envisagée, paraît-il, depuis des mois[40],[41], ces événements conduisent à une nouvelle guerre.
Déroulement de la guerre
Pour rétablir le contrôle russe sur la Tchétchénie, l'armée russe intervient dans la république séparatiste avec 140 000 hommes[5],[6] le . La seconde guerre (officiellement appelée « opération anti-terroriste ») commence. Après avoir contrôlé le nord de la république (les plaines au nord de la rivière Terek), l'opération russe dans le sud montagneux est un lent succès après des combats acharnés. Le bilan est plus meurtrier que lors du premier conflit. Le 21 octobre, des missiles russes sont lancées sur le centre de Grozny, notamment sur le marché et la maternité de la ville, tuant 120 personnes et en blessant 500[42],[43]. Considéré par certains défenseurs des droits de l'homme comme un « crime contre l'humanité »[44], le massacre est officiellement imputé par les autorités russes aux indépendantistes tchétchènes dont un dépôt de munitions aurait explosé au marché[45]. Initialement, les Russes pensent que les séparatistes quitteront Grozny de leur propre initiative par crainte de faire face à une bataille tous azimuts[46] et mettent en place un prétendu[47] corridor sécurisé pour permettre l'évacuation des civils[48]. Finalement, après une stratégie de bombardements intensifs et d'envoi de petits groupes d'infanteries spécialisés en combat urbain précédant les blindés, Grozny tombe après un siège qui dure du au . Transformée en forteresse, les séparatistes tchétchènes s'étant préparés à l'assaut russe, le siège et les combats dévastent la capitale tchétchène comme aucune autre ville européenne depuis la Seconde Guerre mondiale ; en 2003, les Nations unies qualifient Grozny de « ville la plus détruite sur Terre »[49]. Le bombardement de Katyr-Yurt, qui atteint une certaine notoriété en raison de la condamnation ultérieure de la Russie par la Cour européenne des droits de l'homme, a lieu dans ce contexte, le 4 février 2000. Le , 27 membres d'une colonne motorisée de l'OMON originaire de Serguiev Possad sont tués par un tir ami d'une autre unité de l'OMON originaire de Podolsk alors qu'ils sont venus les relever[50]. Les rebelles tchétchènes sont d'abord accusés de l'attaque[51] mais des journalistes indépendants découvrent les faits et forcent les autorités à admettre la vérité[52]. Du 5 au 20 mars 2000, au village Komsomolskoïe (ou Saadi-Kotar), se déroule la dernière bataille d'envergure[53],[54],[55], qui fait au moins 625 morts du côté tchétchène[56].
Vladimir Poutine rétablit l'autorité de Moscou dans la totalité du territoire de la république, mais la guérilla indépendantiste continue jusqu'en 2006, voire plus tard, principalement dans les montagnes[57].
Discours politique russe pendant le conflit
La grande majorité de la population russe, des journalistes[58] et des intellectuels[59] soutiennent la décision du Premier ministre, Vladimir Poutine, d'envahir la Tchétchénie[60],[61]. « Nous ne nous emparons pas de nos villes, nous les libérons », déclare le ministre de la Défense, Igor Sergueïev[62]. Après la chute de Grozny en février 2000, ses troupes rehissent sur la ville le même drapeau russe qu'elles avaient conservé avec elles au terme de leur campagne infructueuse de 1994-1996[63]. Intransigeantes[64], elles disent aux Tchétchènes : « On va vous éradiquer en tant que nation »[65].
Tandis que l'offensive terrestre commence en octobre 1999, les bombardements aériens de la Tchétchénie démarrent dès le mois d'août[66]. Le 23 septembre, l'aviation russe frappe à nouveau la Tchétchénie, dont l'aéroport Cheikh Mansour à Grozny[67], détruisant le seul avion de la république, le biplan An-2, employé pour l'agriculture et le parachutisme sportif pendant les fêtes[68]. Vladimir Poutine dit ne pas avoir été au courant de l'attaque contre l'aéroport mais ajoute : « Les bandits seront pourchassés partout où ils se trouvent. […] S'ils se trouvent à l'aéroport, alors ce sera à l'aéroport »[69]. Le lendemain, interrogé de nouveau sur ces frappes dont certaines auraient touché des quartiers résidentiels des banlieues de Grozny[70], il prononce sa phrase célèbre qui devient ensuite une expression populaire[71], entre dans des recueils d'aphorismes[72], devient une sorte de slogan pour sa campagne présidentielle[73] et « immortalise »[74] son nom : « On poursuivra les terroristes partout, dans les aéroports s'ils sont dans les aéroports et, excusez-moi, mais, s'il le faut, on les attrapera dans les toilettes, on les butera jusque dans les chiottes. La question est close »[70]. En 2002, lors du sommet UE-Russie, Poutine répond de la même manière à un journaliste français qui l'avaient interpellé sur l'usage des mines antipersonnel en Tchétchénie, lesquelles tuaient, d'après lui, « beaucoup plus de civils que de terroristes » : « Si vous êtes prêt à devenir le plus radical des islamistes, et que vous êtes prêt à vous faire circoncire, je vous invite à Moscou. Je recommanderai qu'on fasse l'opération de telle manière que plus rien ne repousse »[75],[76].
La rhétorique de l'establishment militaire n'est pas moins vigoureuse que celle de Poutine. Le 11 janvier 2000, le général Viktor Kazantsev, commandant en chef des troupes russes en Tchétchénie, annonce : « Maintenant, seuls les enfants jusqu'à l'âge de 10 ans, les vieillards de plus de 60 ans et les femmes seront considérés comme des réfugiés »[77], laissant entendre qu'il considère tout le reste de la population tchétchène comme des combattants en puissance[78],[79]. L'un de ses subalternes, le général Vladimir Chamanov, commandant le front ouest de l'armée russe en Tchétchénie, avoue dans une interview qu'il considère les femmes et les enfants des combattants tchétchènes comme étant comme eux des « bandits »[80]. Le général Sergueï Makarov, commandant le front Est, affirme que les Tchétchènes forment un « peuple parasite » et estime que la mère d'un commandant tchétchène, tuée lors d'une opération, « n'a eu que ce qu'elle mérite pour avoir élevé un tel loup »[81]. L'adjoint du commandant d'une division d'infanterie motorisée, le colonel Anatoli Khrouliev, nommé chef du poste de contrôle entre la Tchétchénie et l'Ingouchie voisine, fermé fin octobre-début novembre 1999 pour des civils tchétchènes fuyant la zone des combats, se dit déterminé à ne pas laisser les Tchétchènes « se reproduire »[82]. En août 2000, un autre colonel, qui commande le 503e régiment d'infanterie motorisée, Romane Chadrine, répond comme suit à la question de savoir quand la guerre terminera : « Nous n'avons qu'à laisser en vie 100 à 120 mille Tchétchènes, et nous pourrons dormir tranquilles pendant une trentaine d'années, jusqu'à ce qu'ils se reproduisent »[83]. Quant aux officiers russes de grades moins élevés, ils répétent souvent : « Un bon Tchétchène est un Tchétchène mort »[84],[85],[86].
Un tel discours de la part des décideurs russes encourage[87] l'armée russe à commettre en Tchétchénie des exactions : destructions de villes et villages non justifiées par les exigences militaires, attaques et bombardements de villes et de villages non défendus, exécutions sommaires et assassinats, tortures et mauvais traitements, viols de femmes et d'hommes, atteintes graves et intentionnelles à l'intégrité physique et à la santé de personnes ne participant pas directement aux hostilités, attaques délibérées contre la population civile et contre les moyens de transport et personnel sanitaire, arrestations et détentions arbitraires de civils, disparitions forcées, pillages des biens privés, extorsions de fonds, commerce des êtres humains, pressions exercées sur les personnes déplacées et prises d'otages de proches de rebelles[78],[88],[89],[90],[91],[92],[93]. Ces violations sont massives, généralisées et systématiques[78],[94].
Victimes
Selon diverses estimations, les deux guerres font entre plusieurs dizaines de milliers[95],[96] et 300 000[7],[97] victimes en Tchétchénie, essentiellement des civils[95],[98]. Les hostilités entraînent la destruction de plus de 80% des infrastructures de la république[99].
Les statistiques officielles russes recensent 4 572 morts et 15 549 blessés parmi les militaires de l'armée fédérale dans la période allant du au 23 décembre 2002[100]. Les pertes des combattants tchétchènes sont évaluées par Moscou entre 13 000[7] et 15 000 hommes[100].
Le Comité des mères de soldats de Russie avance le chiffre de 12 000 morts du côté des forces armées russes, en se fondant sur les données recueillies dans les comités régionaux, en prenant en compte les soldats blessés au combat et morts des suites de leurs blessures. Ce chiffre circule beaucoup et est finalement déclaré proche de la réalité[9].
Réactions internationales
La communauté internationale, et en particulier le Conseil de l'Europe, demande de manière timide une solution pacifique. Certains médias internationaux et plusieurs autres associations (dont Amnesty International et le Comité Tchétchénie) réclament de la communauté internationale, et en particulier des gouvernements américains et européens, une action diplomatique auprès du gouvernement russe pour mettre fin à des violations des droits de l'homme imputables aux militaires de l'armée fédérale et aux milices tchétchènes pro-fédérales, en l'absence de recours judiciaires réels. Ils exigent également la médiation internationale afin que s'établissent des négociations entre les nouvelles autorités tchétchènes et les séparatistes. Vladimir Poutine justifie son refus de négocier avec les rebelles en arguant un principe universel : « On ne négocie pas avec les terroristes et les criminels ». Il appelle les Occidentaux à ne pas faire preuve de « double morale ».
Comme lors de la précédente guerre russo-tchétchène, les chancelleries occidentales font l'objet de critiques de la part d'observateurs indépendants. Outre leur « tiédeur remarquable » et leur « capacité d'indignation inversement proportionnelle à la puissance de l'agresseur », ces observateurs leur reprochent d'avoir « sacrifié » le peuple tchétchène sur l'autel de la realpolitik en profitant des positions conciliantes de Moscou sur des dossiers bilatéraux en échange d'« une indifférence vis-à-vis d'un confetti d'empire sans intérêt vital pour l'Ouest »[101] et « musulman de surcroît »[102].
Événements postérieurs
Après la fin des opérations militaires majeures, le président Poutine réaffirme les bases de la nouvelle politique de Moscou en Tchétchénie : transfert du maintien de l'ordre à la milice locale, élection d'un président et d'un parlement au suffrage universel, traité de délimitation des pouvoirs entre la fédération de Russie et la république de Tchétchénie et reconstruction. En outre, Moscou proclame officiellement l'amnistie pour des rebelles, mais en réalité aucun de ceux-ci ne semble à l'abri des poursuites[103]. Malgré les assurances de normalisation de la part du Kremlin, quelques groupes de rebelles continuent, de façon sporadique, à mener des actes de résistance contre les troupes fédérales russes.
En 2005, plus de 200 combattants indépendantistes sont désarmés, selon le chef du FSB, Nikolaï Patrouchev. La mort d'Aslan Maskhadov le 8 mars 2005 porte un coup dur à la logistique des rebelles. Les attaques contre les forces fédérales prennent de plus en plus un caractère sporadique et moins coordonné. Selon la déclaration du président tchétchène Alou Alkhanov faite le 25 décembre 2005, la diminution sensible des activités des combattants atteinte en 2005 grâce, notamment, à la neutralisation de leurs chefs, permettrait maintenant de réduire encore les effectifs des forces fédérales russes dans la république, les organes de l'ordre locaux étant dorénavant aptes à garder la situation en Tchétchénie sous leur contrôle. Néanmoins, en 2007, on compte encore 80 000 militaires russes en Tchétchénie[6].
Après la mort d'Abdoul-Khalim Saïdoullaïev, Dokou Oumarov devient le chef du mouvement séparatiste. En dépit de la mort de plusieurs chefs indépendantistes, dont Oumarov en 2013, les affrontements entre les forces de l'ordre – troupes russes ou milices locales – et la rébellion subsistent jusqu'en 2021[17].
Le 16 avril 2009, le régime d'opération dit antiterroriste en vigueur en Tchétchénie depuis 1999 est levé[104].
La Ciscaucasie demeure, en 2012, la zone des conflits armés les plus meurtriers d'Europe. En 2011, on y compte 750 morts et au moins 628 blessés (forces de sécurité, insurgés et civils) et, du au , 516 morts et 397 blessés[105].
De 2006 à 2020, les unités du génie du ministère des Situations d'urgence et du ministère de la Défense russes déminent près de 22 000 hectares de terres en Tchétchénie en neutralisant environ 44 000 engins explosifs[106],[107],[108]. Le déminage se poursuit au-delà de 2020[109],[110].
Fait d'arme
En 2001, une jeune Tchétchène, Aïzan Gazoueva, devient une figure mythique pour le mouvement séparatiste. Alors qu'elle n'avait que 18 ans, cette jeune mariée se fait exploser auprès du général Gueïdar Gadjiev et de ses hommes. Par cet acte, elle souhaitait venger à la fois son époux, son oncle et ses deux frères, « disparus » après une rafle dirigée par cet officier[111],[112].
Notes et références
Notes
- L'appellation « seconde guerre tchétchène », de même que « première guerre tchétchène » pour la campagne précédente (cf. anglais Second Chechen War, First Chechen War, russe Вторая чеченская война, Первая чеченская война), sont critiquées par des Tchétchènes comme inexactes et partiales. Selon eux, ce sont des guerres russo-tchétchènes (et non simplement tchétchènes, ce qui leur en imputerait unilatéralement la responsabilité) et de loin pas la première ni la seconde dans l'histoire[10]. Certains experts européens[11] et certains responsables russes[12] semblent être grosso modo du même avis.
À l'inverse, les autorités russes rejettent le terme même de guerre pour parler de ces deux campagnes en les nommant respectivement « rétablissement de l'ordre constitutionnel » et « opération antiterroriste »[13]. Il faut souligner cependant qu'à deux reprises au moins, en 2008[14] et en 2017[15], Vladimir Poutine qualifia la confrontation russo-tchétchène entre 1994 (ou, plus globalement, 1991) et 2000 comme la « guerre civile » de Russie. - Scientifiquement parlant, il est impossible[18] de dater la fin de la seconde guerre de Tchétchénie, car il n'y eut pas de négociations ni de cessez-le-feu officiel entre les parties belligérantes[19].
Références
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« A Turkish Fascist youth group, the "Grey Wolves," was recruited to fight with the Chechens. »
- Thomas Goltz, Chechnya Diary : A War Correspondent's Story of Surviving the War in Chechnya, New York, Thomas Dunne Books, , 285 p. (ISBN 978-0-312-26874-9, lire en ligne ), 22
« I called a well-informed diplomat pal and arranged to meet him at a bar favored by the pan-Turkic crowd known as the Gray Wolves, who were said to be actively supporting the Chechens with men and arms.
…the Azerbaijani Gray Wolf leader, Iskander, Hamidov… » - Commandant en chef du District militaire du Nord-Caucase de mai 2000 à décembre 2002
- Commandant en chef du District militaire du Nord-Caucase de juillet 2004 à mai 2008
- Marie-Pierre Rey (dir.), Les Russes de Gorbatchev à Poutine, Paris : Armand Colin, 2005, p. 76.
- Duclos 2010, p. 50.
- « La Russie annonce la fin de la guerre en Tchétchénie », Libération, (lire en ligne).
- Selon le recensement de 1989, la république socialiste soviétique autonome de Tchétchénie-Ingouchie comptait 1 275 513 personnes (Tchétchènes, Russes, Ingouches, et autres), soit 122 063 habitants de plus que dix ans auparavant, en 1979, où l'on eut recensé 1 153 450 personnes. On peut donc supposer qu'en 1994 (cinq ans après le dernier recensement officiel), la population de la Tchétchénie et de l'Ingouchie (qui se scindèrent en deux républiques en 1991) s'élevait au total à 1 336 544 âmes, toutes ethnies confondues. Si l'on soustrait de ce chiffre 194 171 personnes qui peuplaient, d'après les données officielles russes, l'Ingouchie en 1994, la population de la Tchétchénie à la veille de la première guerre se limitait hypothétiquement à 1 142 373 âmes.
- « Le Comité des mères de soldats de Russie : tant que les journalistes viendront… », sur Grotius International, (consulté le ).
- (ru) Вера Васильева, « Повернуть безумие вспять », sur svoboda.org, (consulté le ) : « Фактически в научном обороте не устоялось даже серьезное название этого события. Чеченцы считают, что это русско-чеченская война, и далеко не первая. Но мы в "Мемориале" и многие в России называют ее Первой чеченской войной. »
- Eric Hoesli, À la conquête du Caucase. Épopée géopolitique et guerres d'influence, Paris : Syrtes, 2006, p. 602 : « En , le pouvoir central lance une offensive contre Groznyï. […] C'est le début de ce que l'on appelle curieusement "la première guerre de Tchétchénie", comme s'il n'y en avait pas eu auparavant. »
- (ru) Владлен Максимов, « "Гражданское общество на крови не строят" », sur newizv.ru, (consulté le ) : « Член Совета Федерации Рамазан Абдулатипов раскритиковал сам термин "чеченская война", как бы приписывающий авторство этой войны чеченскому народу. »
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- C'est le cas, entre autres, de la journaliste russe connue pour ses reportages sur la Tchétchénie, Anna Politkovskaïa : « Est-ce que quelqu'un a fixé des règles précises pour définir un génocide ? Combien d'hommes une nation doit-elle perdre pour qu'on puisse parler d'un génocide ? Pour moi, pour mon système de valeurs, il s'agit bien d'un génocide. Même les militaires ne s'en cachent pas. Quand je pose des questions du genre "Pourquoi avez-vous tué celui-ci ?" ou "Pourquoi avez-vous fusillé tel autre ?", ils répondent : "Parce qu'il était Tchétchène." C'est donc bien un génocide » (Eric Bergkraut (réalisé par), Lettre à Anna, Suisse : Schweizer Fernsehen, 2008).
- Galia Ackerman, « Nouvelle Russie, nouveau mensonge », entretien avec Elena Bonner, dissidente soviétique et militante russe des droits de l'homme, sur Politique Internationale, (consulté le ) : « [Le devoir des pays occidentaux] était de dénoncer le génocide perpétré en Tchétchénie et d'édicter des sanctions contre la Russie […]. »
- Mariel Tsaroieva, Mythes, légendes et prières ancestrales des Ingouches et Tchétchènes, Paris : L'Harmattan, 2009, p. 16 : « Le monde ne réagit pas et observe d'un œil indifférent ce génocide d'un petit peuple [les Tchétchènes] défendant sa liberté et son existence même contre l'énorme Russie. »
- Hubert Lizé, « Michel Hazanavicius de retour à Cannes avec "The Search" », entretien avec le réalisateur français Michel Hazanavicius, sur Le Parisien, (consulté le ) : « [Lizé :] Pourquoi filmer la guerre des Russes contre les Tchétchènes ? [Hazanavicius :] J'avais le désir de raconter ce génocide passé trop inaperçu, malgré les reportages de l'époque. »
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« Soutenu par l'immense majorité des Russes, la guerre de Tchétchénie est à l'origine d'une profonde crispation nationaliste, bien symptomatique de l'état réel du pays. […] Dans l'écrasante majorité des cas, les médias russes ne reprennent ni ne vérifient les graves accusations portées par les Organisations non gouvernementales et les journaux occidentaux à l'encontre du Kremlin. Le grand quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda évoque même sans scrupule cette absence de rigueur: "Peu importe quelles pressions peuvent être exercées sur nous et par qui. Nous faisons la guerre en Tchétchénie pour restaurer notre contrôle sur une région russe". […] Et que dire de cette timide et bien tardive prise de conscience par rapport au sort d'un journaliste [Andreï Babitski], aussi courageux soit-il, alors que la situation dramatique de la population civile tchétchène laisse de marbre l'immense majorité des rédactions russes ? Dans ce contexte, le silence prudent d'une certaine intelligentsia russe, qui va jusqu'à approuver l'intervention du Kremlin, est très inquiétant. De nombreux sondages montrent sans ambiguïté que près de 75% des intellectuels se rangent derrière Vladimir Poutine. […] Les milieux du cinéma, du théâtre et de la danse ne sont pas en reste et signent des pétitions de soutien à Vladimir Poutine. Pour l'immense majorité de cette élite, la cause tchétchène est tout simplement indéfendable. »
- Cité dans (ru) Современный русский язык: Активные процессы на рубеже XX-XXI веков / Отв. ред. Л. П. Крысин / Ин-т рус. яз. им. В. В. Виноградова РАН. – М.: Языки славянских культур, 2008. С. 526: « Мы наши города не захватываем, мы их освобождаем (Министр обороны Сергеев, НТВ, Итоги, 26.12.1999) ; […] Военные настояли на том, чтобы исключить словосочетание "чеченская территория", заменить… "российская земля" (Киселев, Итоги, 02.10.1999). »
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« Вот оставим чеченцев тысяч 100-120 и можем спать спокойно лет тридцать. Пока они не размножатся. »
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Voir aussi
Témoignages
- Anne Nivat, Chienne de guerre : une femme reporter en Tchétchénie (2000)
- Polina Jerebtsova, Le journal de Polina (2013)
- The Search, film sur le conflit (2014)
Articles connexes
- Conflit en Ossétie du Nord de 1992
- Première guerre de Tchétchénie (1994-1996)
- Invasion du Daghestan (1999)
- Crise de la vallée de Pankissi (2002-2003)
- Guérilla en Ciscaucasie (2009-2017)
- Ibn al-Khattab (1969-2002)
Liens externes
- (fr) Tchétchénie, briser le silence par André Glücksmann
- « La seconde guerre de Tchétchénie : les aspects politico-militaires »
- « Dossier de la Documentation française »
- (en) « Chronologie des évènements », BBC