La suite de Padovan est la suite d'entiers (Pn) définie par récurrence par[1] :
C'est une suite récurrente linéaire qui ressemble dans sa forme à la suite de Fibonacci, à une nuance près : la somme des termes de rang n et n + 1 ne donne pas le terme de rang n + 2 mais celui de rang n + 3.
Cette suite d'entiers est strictement croissante à partir du rang 4 ;étendue aux termes d'indice négatifs de sorte que la relation de récurrence ci-dessus soit valable , elle prend les valeurs :
n | -5 | -4 | -3 | -2 | -1 | 0 | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | 0 | 0 | 1 | 0 | 1 | 1 | 1 | 2 | 2 | 3 | 4 | 5 | 7 | 9 | 12 |
Elle correspond, décalée d'un cran, à la suite A134816 de l'OEIS () et, décalée de cinq crans, à la suite A000931 de l'OEIS ().
Elle porte le nom de l'architecte Richard Padovan (en) qui l'a étudiée, et est associée au nombre plastique étudié par l'architecte puis moine Hans van der Laan[2]. Le mathématicien Ian Stewart, dans l'Univers des nombres, évoque et étudie cette suite et lui attribue le nom de suite de Padovan[3] ; il remarque que par une coïncidence heureuse, "Padovan" a la même origine que "Padoue", ville peu éloignée de Pise, dont Fibonacci était originaire.
Le terme général de la suite de Padovan est lié aux trois racines du polynôme X3 – X – 1.
Le quotient de deux termes consécutifs tend vers le nombre plastique.
Formule de type Binet
[modifier | modifier le code]En fonction des trois racines r1, r2 et r3 de X3 – X – 1 (une réelle et deux complexes conjuguées) on a la formule de type Binet :
Les formules de Cardan donnent pour la racine réelle le nombre plastique :
D'après les relations entre coefficients et racines, on a , donc , qui sont conjuguées, sont de module . On obtient :
- où
ainsi que où est l'entier le plus proche de .
Propriétés
[modifier | modifier le code]- Comme pour la suite de Fibonacci, la suite de Padovan s'obtient par puissance -ième de la matrice compagnon du polynôme caractéristique :
- La fonction génératrice est donnée par :
Interprétations combinatoires
[modifier | modifier le code]- est le nombre de décompositions ordonnées (compositions) de comme somme de 2 et de 3 ; par exemple, pour on a 2 + 3 + 3 , 3 + 2 + 3 , 3 + 3 + 2 , 2 + 2 + 2 + 2.
- On en déduit l'expression à l'aide de coefficients binomiaux [4] :pour ,
- est le nombre de décompositions ordonnées de comme somme de nombres impairs au moins égaux à 3. Par exemple, pour = 11, on a 11, 5+3+3, 3+5+3 et 3+3+5 [4].
- est le nombre de décompositions ordonnées de comme somme d’entiers naturels congrus à 2 modulo 3. Par exemple, pour = 10, on a 2 + 8, 8 + 2, 5 + 5 et 2+2+2+2+2[4].
- est le nombre de dispositions maximales de personnes assises en ligne de sorte que deux personnes ne soient jamais côte à côte. Par exemple, pour = 5, il y a 01010, 10010, 01001 et 10101 en notant 0 pour une place vide et 1 pour une place occupée (pour le cas où les personnes sont placées en rond, il s'agit de la suite de Perrin)[4].
- est le nombre de mots de lettres A ou B tels qu’il n’y a jamais deux A voisins et jamais plus de deux B voisins. Par exemple, pour = 3, ABA, ABB, BAB et BBA[4].
Variantes
[modifier | modifier le code]On trouve parfois des initialisations différentes comme dans les suites A133034, A078027, A182097 (simples décalages de la suite de Padovan), A096231, A164001, A228361, A020720 et A001608 de l'OEIS.
Cette dernière est la suite de Perrin : 3, 0, 2, 3, 2, 5, etc.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Eric W. Weisstein, « Padovan sequence », sur MathWorld.
- (en) Richard Padovan presents the plastic number, résumé du Nexus Network Journal
- Ian Stewart, L'univers des nombres, Belin, , p. 19-20
- Claude Morin, « Suites de Perrin et de Padovan », Bulletin de l’Union des Professeurs de classes préparatoires Scientifiques, no 286, , p. 39-41 (lire en ligne)