Claude Ambroise Régnier (duc de Massa) | |
![]() Claude Ambroise Régnier, par Robert Lefèvre (1808). | |
Fonctions | |
---|---|
Président du Corps législatif | |
– (6 mois et 12 jours) |
|
Prédécesseur | Élisabeth-Pierre de Montesquiou-Fezensac |
Successeur | Joseph-Henri-Joachim Lainé |
Garde des Sceaux | |
– (10 ans, 8 mois et 30 jours) |
|
Prédécesseur | André-Joseph Abrial |
Successeur | Mathieu Louis Molé |
Ministre de la Police | |
– (1 an, 9 mois et 27 jours) |
|
Prédécesseur | Joseph Fouché |
Successeur | Joseph Fouché |
Président du Conseil des Anciens | |
– (30 jours) |
|
Prédécesseur | Jacques Poisson de Coudreville |
Successeur | Jean-Antoine Marbot |
– (1 mois et 1 jour) |
|
Prédécesseur | Guillaume François Charles Goupil de Préfelne |
Successeur | Jacques Antoine Creuzé-Latouche |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Blâmont, duché de Lorraine |
Date de décès | (à 68 ans) |
Lieu de décès | Ancien 2e arrondissement de Paris, Paris, France |
Nationalité | lorraine puis française |
modifier ![]() |
Claude Ambroise Régnier, duc de Massa, est un avocat et homme politique français, né le à Blâmont (alors dans le duché de Lorraine[a]) et mort le à Paris.
Député pendant la Révolution, devenu soutien de Bonaparte, il participe à la rédaction du Code civil puis est garde des Sceaux (ministre de la Justice) pendant près de onze ans, de 1802 (au cours du Consulat) à 1813 (sur une grande partie du Premier Empire).
Biographie
Origines, formation et début de carrière
Claude Ambroise Régnier est le fils d’Ambroise Régnier, receveur des Domaines du Roi, et de Marie-Françoise Thiry ; il est le petit-fils de Jean-Antoine Régnier procureur au bailliage de Vôge et, par sa mère, petit-fils de Jean-Baptiste Thiry, procureur du Roi en l'hôtel de ville de Blâmont[1]. Il commence ses études à Saint-Dié, sous la direction d'un oncle prêtre, l'abbé Régnier, curé de la paroisse principale, et il les termine à l'université de Strasbourg avec l'obtention du diplôme de licence en droit. Inscrit au Parlement à compter de , il fait aussitôt l'apprentissage de la profession d'avocat au barreau de Lunéville. Il devient en 1769, à la demande du prince Louis de Salm-Salm (de), son conseiller et procureur général à Senones, lui confiant ainsi l'administration de la principauté[2].
Avocat sous l’Ancien Régime puis député à la Révolution
Devenu Français avec la réunion de la Lorraine à la France en 1766, Régnier est en 1773 avocat à Nancy[3]. Enthousiasmé par la Révolution, il est élu le , par le bailliage de Nancy, député du tiers état aux États généraux, où il siège au comité de constitution. Après la fuite du roi, il est envoyé le comme commissaire dans les départements du Rhin pour y recevoir le serment des troupes. Après s'être éloigné de la vie politique sous la Terreur, il est élu le 23 vendémiaire an IV () député de la Meurthe au Conseil des Anciens, où il siège à gauche. La même année, il devient secrétaire le 2 frimaire an IV (), puis président de l'assemblée le 1er ventôse an IV (), et fait partie de plusieurs commissions : radiation de la liste des émigrés, successions, examen du nouveau pour les délits et peines des troupes de la République, délits de presse, vérification des pouvoirs des nouveaux députés. Sans soutenir le Directoire, il combat les royalistes du club de Clichy. Adversaire des néo-jacobins, de même, il soutient la proposition de Courtois, conduisant à la fermeture du club du Manège. Il est réélu le 23 germinal an VII ().
Participation au coup d’État du 18 Brumaire et conseiller d’État sous le Consulat
Acquis au général Bonaparte, Régnier est l'un des principaux collaborateurs du coup d'État du 18 Brumaire () ; il fait ainsi partie des membres du Conseil des Anciens qui se réunissent la veille — le soir du 17 brumaire an VIII () — chez leur président, Lemercier, pour préparer la translation des conseils à Saint-Cloud, qui doit être votée le lendemain. Le jour qui suit le coup d’État — le 19 brumaire () —, il entre à la commission intermédiaire du Conseil des Anciens, dont il devient président quelques jours plus tard. Le mois suivant, le 4 nivôse an VIII (), il est nommé au Sénat conservateur et au Conseil d'État. Conformément à la Constitution, il renonce au premier poste de sénateur pour se consacrer au Conseil d'État. Ayant une connaissance approfondie des questions juridiques, il devient l'un des principaux rédacteurs du Code civil.
Ministre de la Justice sous le Consulat puis le Premier Empire
Bonaparte nomme Régnier grand-juge et ministre de la Justice (garde des Sceaux) le 27 fructidor an X (), fonctions qu'il va conserver pendant près de onze ans.
Il prépare pour Napoléon la circulaire du prohibant en France, les mariages mixtes « entre des blancs et des négresses » et « entre des nègres et des blanches »[4],[5].
Jusqu'au , il dirige également le ministère de la Police. À ce poste, il découvre le complot de Cadoudal, dont il instruit le procès. Sa relative incompétence sur les sujets policiers conduit le Premier consul à rappeler Fouché.
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire an XII (), grand officier le 25 prairial an XII (), grand aigle (grand-croix) le 13 pluviôse an XIII (), créé comte d'Empire le . Il devient duc de Massa le . À son départ du ministère de la Justice, le alors qu'il est âgé de 67 ans, il reçoit le titre de ministre d'État et obtient la présidence du Corps législatif, dont il n'est pourtant pas membre. Napoléon lui offre, lors de son départ du ministère de la Justice, un hôtel particulier, rue de Choiseul.
Derniers mois au service de l’Empire et mort
Régnier est nommé président du Corps législatif en .
Longtemps proche de l’Empereur, il est néanmoins favorable à sa déchéance en .
Régnier meurt peu après, le , dans sa 69e année ; il est inhumé au Panthéon.
Famille et descendance
Charlotte Lejeune, l’épouse de Claude Ambroise Régnier, est née à Lunéville le ; elle meurt à Paris le .
Le couple a eu deux enfants :
- Catherine Charlotte (1775-1856), épouse du baron Thiry ;
- Nicolas (1783-1851)[6], qui devient comte de Gronau en 1809, préfet de l'Empire (dans l'Oise puis le Cher) et pair de France sous la Restauration ; il hérite du titre de duc de Massa.
Au nombre de ses descendants, figure Jean Bastien-Thiry (1927-1963), polytechnicien, ingénieur de l’armement et organisateur en 1962 de l’attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle, pour lequel il a été condamné à mort puis exécuté : il est le dernier condamné en France qui a été fusillé.
Propriétés
- Le château du Plessis-Piquet a été sa propriété de 1808 à sa mort en ; sa veuve le revendit en 1817 à Jean-Baptiste Henry Collin de Sussy[7].
- Un hôtel particulier, rue de Choiseul à Paris, lui a été offert par Napoléon en 1813.
Armoiries
Figure | Blasonnement |
Armes du comte Régnier et de l'Empire
D'hermines à une fasce de sable chargée de trois alérions d'or, le franc-quartier de comte ministre brochant sur le tout.[8],[9] | |
Armes du duc de Massa et de l'Empire
D'hermines à la fasce de sable chargé de trois alérions d'or, chef des ducs d'Empire.[8] |
Annexes
Bibliographie
- Adolphe Robert, Edgar Bourloton, Gaston Cougny (dir.), Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Paris, Bourloton, 1889, t. 5, de Reboul à Reille, p. 107, sur le site de l'Assemblée nationale.
- Thierry Lentz, Les ministres de Napoléon : Refonder l'État, servir l'empereur, Perrin, coll. « Tempus » (no 659), , 303 p. (ISBN 978-2262043759).
- Les papiers personnels de Claude Ambroise Régnier sont conservés aux Archives nationales sous la cote 279AP[10].
Liens externes
- Ressources relatives à la vie publique :
- Ressource relative à la musique :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ministres 1700-1870
- La correspondance et les rapports des ministres de la Justice (dont Régnier, 1802-1813) au secrétaire d’État sous Napoléon Ier sont conservées aux Archives nationales (France).
Notes et références
Notes
- ↑ Blâmont est actuellement en Meurthe-et-Moselle. En 1746, la commune ne fait pas encore partie du royaume de France.
Références
- ↑ Paul Delaval, « Le grand juge Régnier, duc de Massa », Le Pays lorrain et le pays messin, , no 12.
- ↑ Paul Delaval, Le grand juge Régnier, duc de Massa, Le Pays lorrain et le pays messin, , no 12., p. 739.
- ↑ L. Adam, Étude sur trois gardes des sceaux nés en Lorraine : Régnier, duc de Massa ; Comte de Serre ; Henrion de Pansey, 1872.
- ↑ Alain-Jacques Tornare, La Révolution française, EDI8, 2012, p. 247
- ↑ Jean-Simon Loiseau, Dictionnaire des arrêts modernes, ou Répertoire analytique, sommaire et critique de la nouvelle Jurisprudence française, civile et commerciale, vol. 2, Clament, (lire en ligne), p. 449
- ↑ Daniel Baduel, Saint-Martin-du-Tertre : un village, une histoire, Syndicat d'initiative de Saint-Martin-du-Tertre, 2000. Daniel Baduel, Le château de Franconville-aux-Bois à Saint-Martin-du-Tertre. Domont 2000.
- ↑ René Pottier, Histoire d'un village, Le Plessis-Robinson, Éditions Fernand Sorlot, Paris, 1941, p. 162
- « PLEADE CHAN », sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- ↑ Source : www.heraldique-europeenne.org
- ↑ Voir la notice dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales.
- Député français du tiers état en 1789-1791
- Membre du Conseil des Anciens
- Membre du Sénat conservateur
- Député de Meurthe-et-Moselle
- Ministre du Premier Empire
- Ministre français de la Justice
- Président du Sénat (France)
- Président du Corps législatif
- Avocat français du XVIIIe siècle
- Conseiller d'État français
- Comte de l'Empire
- Duc de Massa
- Grand-croix de la Légion d'honneur
- Personnalité liée à la Lorraine
- Personnalité transférée au Panthéon de Paris
- Personnalité liée au Plessis-Robinson
- Naissance en avril 1746
- Naissance à Blâmont
- Naissance dans la province de Lorraine
- Décès en juin 1814
- Décès dans l'ancien 2e arrondissement de Paris
- Décès à 68 ans