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L'institut médico-légal (IML) de Paris est une morgue ouverte en 1923 au 2 place Mazas, le long du quai de la Rapée, dans le 12e arrondissement de Paris.
Missions
Dépendant de la préfecture de police de Paris, il reçoit les corps des défunts dans les cas suivants :
- décès sur la voie publique, accidentel ou non ;
- décès d'origine criminelle ou considéré comme suspect ;
- corps non identifié ;
- demande émanant de la famille ou par mesure d'hygiène publique.
Dans l'attente du départ pour les obsèques, les corps sont conservés en chambre froide.
Sur requête du parquet, l'IML réalise les autopsies sur ces cadavres, examens de médecine légale effectués par un médecin légiste. Dans ce cas, ceux-ci ne peuvent quitter l'institut que lorsque le permis d'inhumer aura été délivré par le magistrat chargé de l'enquête.
Historique
En , Haussmann fait construire une morgue sur la pointe est de l'île de la Cité, quai de l'Archevêché (l'actuel square de l'Île-de-France) à l'emplacement d'une ancienne promenade dénommée « le Terrain ». Le bâtiment, qui avait allure d'un petit temple grec, remplaça lui-même une ancienne morgue située à proximité quai du Marché-Neuf[1].
Celle-ci constitue, à l'époque, une des sorties les plus en vogue de la capitale : les cadavres à identifier (notamment des victimes de noyades), étendus sur douze tables inclinées de marbre noir, y sont exposés pendant trois jours, dans une salle séparée du public par une vitre.
En , l'entrée de la morgue est interdite au public par un décret du préfet Lépine : désormais seules les personnes munies d'une autorisation spéciale peuvent y pénétrer[2].
L'établissement actuel du quai de La Rapée, devenu institut médico-légal en remplacement de l'ancienne morgue, a été bâti au plus près du viaduc du quai de la Rapée, sur un terrain de 2 000 m2 appartenant à la Ville de Paris. Il est inauguré en , dix ans après l'ouverture du chantier, celui-ci ayant été retardé par la Première Guerre mondiale. C'est un bâtiment en briques conçu par l'architecte Albert Tournaire, dont le nom est ensuite donné au square situé à proximité[1],[2].
Selon le rapport d'une mission interministérielle chargée d'évaluer la médecine légale en Île-de-France en 2016, l'IML ne dispose pas « des moyens modernes nécessaires à une activité d'excellence »[3].
Chiffres
Selon les informations fournies par la préfecture de police de Paris, l'IML reçoit 3 000 corps en moyenne chaque année, sur lesquels 2 000 autopsies et 1 000 examens externes (examen sans incision) sont pratiqués, soit six à neuf autopsies par jour[2].
Personnel
L'IML emploie en tout une quarantaine de personnes[2] :
- un directeur ;
- un directeur-adjoint (également médecin légiste) ;
- un secrétaire-général ;
- dix médecins légistes vacataires ;
- un anthropologue légiste ;
- une psychologue clinicienne ;
- un responsable de pôle administratif ;
- deux secrétaires ;
- sept hôtesses d'accueil ;
- vingt-quatre identificateurs (personnels techniques chargés d'identifier et présenter les corps, de les préparer ou de faire la restitution tissulaire) ;
- deux adjoints techniques (chauffeurs et coursiers) ;
- quatre agents techniques d'entretien.
Notes et références
- « De la morgue à l'institut médico-légal », sur prefecturedepolice.interieur.gouv.fr, (version du sur Internet Archive).
- « L'IML à travers les âges », sur prefecturedepolice.interieur.gouv.fr, (version du sur Internet Archive).
- Aurélie Foulon, « Le rapport au vitriol sur l'Institut médico-légal de Paris a-t-il été enterré ? », Le Parisien, .
Pour approfondir
Bibliographie
Sur l'institut médico-légal ouvert en 1923 :
- Victor Balthazar (d), « Le nouvel institut médico-légal de l'université de Paris », La Presse médicale, no 46, , p. 957–960 (lire en ligne).
- Bertrand Ludes et Isabelle Plu, « L'Institut médico-légal de Paris », Revue française d'histotechnologie, vol. 29, no 1, , p. 15–21 (lire en ligne).
Sur la morgue de Paris au XIXe siècle :
- Firmin Maillard, Recherches historiques et critiques sur la morgue, Paris, Adolphe Delahays, , 156 p. (BNF 30861108, lire en ligne).
- Adolphe Guillot, Paris qui souffre : La basse geôle du Grand-Châtelet et les morgues modernes, Paris, P. Rouquette, , 290 p., p. 13 et suiv. [lire en ligne].
- (en) Allan Mitchell, « The Paris Morgue as a Social Institution in the Nineteenth Century », Francia, no 4, , p. 581–596 (lire en ligne).
- Bruno Bertherat (sous la dir. d'Alain Corbin), La Morgue de Paris au XIXe siècle (1804-1907) : Les origines de l'institut médico-légal ou les métamorphoses de la machine (thèse de doctorat en histoire, no 2002PA010563), Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, , 911 p., 3 vol. (SUDOC 061662496).
- Bruno Bertherat, « Les visiteurs de la Morgue », L'Histoire, no 180, , p. 16–21 (lire en ligne).
- Bruno Bertherat, « Autour de l'œuvre d'Andrés Serrano : l'exposition du cadavre. Le cas de la Morgue de Paris au XIXe siècle », dans Chantal Charbonneau (dir.), L'Image de la mort. Aux limites de la fiction : l'exposition du cadavre (actes du colloque au Musée d'art contemporain de Montréal, ), Montréal, Musée d'art contemporain de Montréal, coll. « Conférences et colloques » (no 2), , 93 p. (ISBN 2-551-16667-5), p. 23–36.
- Bruno Bertherat, « La Morgue de Paris », Sociétés & Représentations, no 6 « Violences », , p. 273–293 (DOI 10.3917/sr.006.0273, lire en ligne).
- Bruno Bertherat, « La Morgue de Paris au XIXe siècle : Un laboratoire du progrès médico-légal », Équinoxe. Revue de sciences humaines, no 22 « Homo criminalis. Pratiques et doctrines médico-légales (XVIe – XXe siècles) », , p. 79–93.
- Bruno Bertherat, « Le miasme sans la jonquille : L'odeur du cadavre à la Morgue à Paris au XIXe siècle », dans Anne-Emmanuelle Demartini (dir.) et Dominique Kalifa (dir.), Imaginaire et sensibilités au XIXe siècle : Études pour Alain Corbin, Paris, Créaphis, , 273 p. (ISBN 2-913610-61-7), p. 235–244.
- Bruno Bertherat, « La mort en vitrine à la Morgue à Paris au XIXe siècle (1804-1907) », dans Régis Bertrand (dir.), Anne Carol (dir.) et Jean-Noël Pelen (dir.), Les Narrations de la mort (actes du colloque d'Aix-en-Provence, Maison méditerranéenne des Sciences de l'homme, -, organisé par l'UMR Temps, espaces, langages, Europe méridionale, Méditerranée (TELEMMe)), Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence (PUP), coll. « Le Temps de l'histoire », , 296 p. (ISBN 2-85399-613-1 et 978-2-8218-8567-7), p. 181–196 [DOI 10.4000/books.pup.7254] [lire en ligne].
- Bruno Bertherat, « L'élection à la chaire de médecine légale à Paris en 1879 : Acteurs, réseaux et enjeux dans le monde universitaire », Revue historique, no 644, , p. 823–856 (DOI 10.3917/rhis.074.0823, lire en ligne).
- Bruno Bertherat, « Les mots du médecin légiste, de la salle d'autopsie aux Assises : L'affaire Billoir (1876-1877) », Revue d'histoire des sciences humaines, no 22 « La médecine légale entre doctrines et pratiques », , p. 117–144 (DOI 10.3917/rhsh.022.0117, lire en ligne).
- Bruno Bertherat, « L'identification sans Bertillon ? : Le cas de la Morgue de Paris », dans Pierre Piazza (dir.), Aux origines de la police scientifique : Alphonse Bertillon, précurseur de la science du crime, Paris, Karthala, , 383 p. (ISBN 978-2-8111-0550-1), p. 210–229 [lire en ligne].
- Bruno Bertherat, « Le médecin légiste face au cadavre (France, XIXe siècle) : Contribution à une histoire des sensibilités », dans Hervé Guy (dir.), Agnès Jeanjean (dir.), Anne Richier (dir.), Aurore Schmitt (dir.) et Ingrid Sénépart (dir.), Rencontre autour du cadavre (actes du colloque de Marseille, BMVR, -), Saint-Germain-en-Laye, Groupe d'anthropologie et d'archéologie funéraire (GAAF), , 245 p. (ISBN 978-2-9541526-0-8), p. 51–61.
- Bruno Bertherat, « La dame au chapeau : La photographie des femmes mortes en France à l'époque de Bertillon », Corps, no 11 « Quelle conscience de son corps ? », , p. 97–106 (DOI 10.3917/corp1.011.0097, lire en ligne).
Articles connexes
- Morgue du quai du Marché-Neuf
- Morgue du quai de l'Archevêché
- La Sentinelle film d'Arnaud Desplechin comportant des scènes tournées à l'IML.
Liens externes
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