En mathématiques, un anneau simple est une des structures algébriques utilisées en algèbre générale. Un anneau est dit simple s'il est non nul et n'admet pas d'autres idéaux bilatères que {0} et lui-même.
Un anneau commutatif est simple si et seulement si c'est un corps commutatif.
Plus généralement, un corps (non nécessairement commutatif) est un anneau simple, et l'anneau des matrices carrées d'ordre n à coefficients dans un corps est simple. Parmi les anneaux simples, ceux qui sont artiniens sont, à un isomorphisme près, les anneaux des matrices carrées d'ordre fixé (quelconque) à coefficients dans un corps (quelconque).
Une algèbre associative (unitaire) sur un corps commutatif est dite simple si son anneau sous-jacent est simple.
Anneaux simples artiniens
Soit D un corps (commutatif ou non). Pour tout entier naturel non nul n, l'anneau Mn(D) des matrices carrées à coefficients dans D est un anneau simple artinien. Plus intrinsèquement, pour tout espace vectoriel E de dimension finie non nulle sur D, l'anneau EndD(E) des endomorphismes de E est un anneau simple artinien. La réciproque est vraie :
Théorème de Wedderburn. Soit A un anneau. Il est équivalent de dire que :
- l'anneau A est simple et artinien ;
- l'anneau A est simple et semi-simple ;
- il existe un entier n > 0 et un corps D tel que A est isomorphe à l'anneau Mn(D) des matrices carrées à coefficients dans D ;
- A est isomorphe à l'anneau des endomorphismes d'un espace vectoriel de dimension finie non nulle sur un corps.
Soient D et D' des corps, n et n' des entiers > 1. Pour que les anneaux Mn(D) et Mn' (D' ) soient isomorphes, il faut et il suffit que n = n' et que les corps D et D' soient isomorphes. Soit E et E' des espaces vectoriels de dimensions finies non nulles sur D et D' . Pour que les anneaux EndD(E) et EndD' (E' ) soient isomorphes, il faut et il suffit que les corps D et D' soient isomorphes et que les dimensions de E et E' soient égales.
Donc, les anneaux simples artiniens axiomatisent les anneaux des matrices à coefficients dans des corps, et les anneaux des endomorphismes d'espaces vectoriels de dimension finie.
Soit E un espace vectoriel de dimension infinie sur un corps. Alors l'anneau End(E) n'est ni simple, ni artinien (ni même noethérien) : l'idéal bilatère des endomorphismes de E de rang fini n'est pas de type fini (ni à gauche, ni à droite).
Soit A un anneau simple artinien. Alors le centre de A est un corps commutatif K, et si, en considérant A comme un K-espace vectoriel, A est de dimension finie sur K, alors A est une algèbre centrale simple sur K.
Modules simples d'un anneau simple artinien
Pour tout anneau simple artinien A, les A-modules simples sont deux à deux isomorphes. En fait, pour qu'un anneau semi-simple soit simple (et donc artinien), il faut et il suffit que ses modules simples soient deux à deux isomorphes.
Soient E un espace vectoriel de dimension finie non nulle n sur D. Alors l'anneau EndD(E) est simple et artinien et de plus, pour la loi externe (f, x) f(x) de EndD(E) sur E, E est un EndD(E)-module simple, dont la longueur est n.
Réciproquement, soit A un anneau simple artinien et r la longueur du A-module A (qui est finie). Alors, les A-modules simples sont deux à deux isomorphes, et soit M un tel A-module. Alors l'anneau des endomorphisme de A-module de M est un corps D, et en considérant la loi externe (f, x) f(x) de D = EndA(M) sur M, M est un espace vectoriel de dimension finie r sur D.
Références
- N. Bourbaki, Éléments de mathématique, Algèbre, chapitre 8
- (en) Nathan Jacobson, Basic Algebra II : Second Edition, Dover, (1re éd. 1989), 704 p. (ISBN 978-0-486-13521-2, présentation en ligne)
- (en) Max-Albert Knus (de), Alexander Merkurjev, Markus Rost et Jean-Pierre Tignol, The Book of Involution, AMS, 1998
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
Jean-Pierre Serre, « Théorie des algèbres simples », Séminaire Henri Cartan, tome 3 (1950-1951), p. 6.1-6.9 et 7.1-7.11